Chez Michèle & Emmanuel : home-tour d’une échoppe au charme bordelais

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Michèle et Emmanuel nous ouvrent les portes de leur maison familiale à Talence. Une échoppe au charme bordelais, chaleureuse, où chaque meuble et décoration fait l’objet d’un choix du cœur.

Bonjour Michèle et Emmanuel. Qui êtes-vous et quelle place donniez-vous à la décoration d’intérieur lorsque vous vous êtes installés dans votre maison en région bordelaise ?

Je m’appelle Michèle PELLOQUIN et je suis Psychologue. Depuis peu sur la région bordelaise, je m’intéressais beaucoup à la décoration d’intérieur. A peine signé le compromis, je filais chez Laura ASHLEY, célèbre marque anglaise pour faire faire un dessus de lit aux bouquets de glycine ainsi qu’un bout de lit. J’achetais un tapis kilim qui me plaisait beaucoup.

J’avais dans l’idée d’harmoniser ma chambre lorsque la vendeuse déclarait : « moi, chez moi, j’ai un tapis et il ne va avec rien mais il me plaît ». Je pris conscience alors que la décoration d’intérieur ne se limite pas à harmoniser les couleurs et les formes. On y met du sien tant et si bien que les objets occupent l’espace qu’on leur attribue.

Je me retrouvais alors avec une belle pièce ornée d’une cheminée, au plafond lambrissé et aux murs blancs… tandis que les parties communes étaient toutes à refaire… Une pièce, au moins, était à notre goût !!

Je suis Emmanuel PELLOQUIN, je travaille depuis de nombreuses années dans un Cabinet d’Expertise Comptable, après avoir effectué des études de biologie puis une école d’Ingénieur horticole. Aussi, ai-je refaçonné le jardin de cette maison. Au départ, le vieux Monsieur avait un grand potager qui occupait une grande partie du jardin. Étant très occupé avec mon emploi et mes quatre enfants, il m’a semblé plus judicieux d’y planter des arbres. J’ai choisi des essences plutôt méditerranéennes ou tropicales (en vue du réchauffement climatique) ainsi que des pins maritimes…et en effet, tout pousse de manière extraordinaire.  Certains disent :

« C’est une forêt ! »

Mais je m’intéresse aussi beaucoup à la décoration intérieure et surtout à la brocante. La plupart des matériaux de cette maison ont été récupérés et réinstallés ici, afin de donner une seconde vie aux huisseries et aux vitraux qui ornent la maison.

Quelle est l’histoire de cette maison ?

Évoquer sa maison et ses origines, c’est forcément revenir dans le passé.

Il  a presque 30 ans, nous cherchions une maison à acheter, mon mari et moi. Nous avions alors 3 enfants, notre dernier fils est né dans cette maison deux ans plus tard.

J’avais lu une petite annonce disant ceci : « Très belle échoppe double à rénover » (rappelons aux non bordelais qu’une échoppe est une petite maison sans étage avec une façade en pierre, comprenant deux chambres donnant sur rue, de part et d’autre d’un long couloir et deux autres pièces donnant sur le jardin). En plaisantant, je dis souvent : « je ne savais pas ce qu’était une maison à rénover, maintenant, je sais !!! »

Mais revenons aux prémisses : lorsque j’ai aperçu la façade en pierre, je me suis arrêtée : j’étais séduite. Je conduisais alors la DS de mon mari (qui affectionne tant ces véhicules) et j’avais ma fille sur le porte-bébé, à l’arrière.

Une rue calme, un grand jardin.

Mon mari rentrait de mission, s’y est rendu le soir même. Le lendemain, nous faisions une proposition. Un vieux Monsieur, parti en Maison de Retraite, avait laissé son empreinte. Papiers peints jaunis, odeur de vieux mais comme cette maison nous était déjà familière !

Magnifiques planchers en pichepin (la maison datait des années 1920), plafonds lambrissés à l’ancienne, tout était pour nous séduire.

Comment avez-vous rénové et décoré votre maison ?

La maison ne faisait à l’époque que 75 m2 pour six. Très vite, nous avons annexé le garage et constitué deux autres pièces dont l’une était une buanderie avec une douche supplémentaire, puis l’autre, la chambre de mon fils aîné. Cette partie-là n’était pas rattachée alors à la maison puisqu’il fallait, pour l’atteindre, sortir sur la terrasse.

Quinze ans ont passé… les enfants ont grandi et nous décidions d’élever un étage et de doubler la surface au sol. Les travaux ont duré 8 mois. Inutile de revenir sur les péripéties de cette élévation, majorées par le fait que nous habitions sous la bâche… Ceci-dit, le résultat a été à la hauteur de nos attentes.

Un plancher de 80 m2 en chêne huilé a été posé, les huisseries ont été repérées dans une vieille maison démolie, un vitrail a été posé dans l’escalier afin de donner de la lumière lorsqu’on monte à l’étage.

Trois belles chambres, une plus petite (dans laquelle, nous avions, mon mari et moi, élu domicile. Nos enfants étaient ado et nécessitaient de beaucoup d’espace. Quant à nous, notre chambre ne nous accueillait que pour dormir… toute la maison était à nous) et une salle de bain.

Chaque enfant a choisi son univers. Les meubles ont été achetés beaucoup chez Alinéa qui mieux qu’Ikea, correspondait à nos besoins et à nos goûts.

Lorsque les enfants sont petits, toute notre énergie est concentrée sur eux. Alors, on décore comme on peut, on hisse les objets auxquels on tient le plus (ils se résumaient à deux ou trois) pour éviter qu’ils ne se cassent… les jouets jonchent la pièce et on fait au mieux.

Aujourd’hui, et ce, depuis quelques années, on choisit vraiment les ambiances de nos pièces : quelques reliques héritées d’une vieille tante, des objets rapportés de voyage…

Nous préconisons la vie de famille mais où chacun trouve son autonomie, exprime sa personnalité propre. Ainsi, la vie ensemble nous paraît plus légère et plus harmonieuse.

Avec la construction de l’étage, j’avais comme idée de supprimer une cloison entre deux pièces au rez-de-chaussée et ce, afin de constituer un grand salon de 35 m2. Une bibliothèque ancienne y trouva vite sa place puisque ma première passion, ce sont les livres.

Peu à peu, les enfants ont quitté le nid. Pourtant, cette maison reste vivante. Nous y avons gardé le goût des belles choses -qu’elles soient anciennes ou bien nouvelles, qu’elles racontent une histoire ou bien qu’elles viennent se rajouter à l’histoire de ces lieux.

Nous n’avons pas fini de la façonner cette maison.

Il y a 3 ans, nous changions le parquet du couloir -trop abîmé- pour des carreaux de ciment terracotta… et puis il y a la chambre jaune.

Depuis le début, elle nous raconte son mystère. Elle fut longtemps la chambre des deux garçons, avec une belle mezzanine en bois, fabriquée sur mesure. Chacun des garçons avait son espace nuit et dessous son bureau et sa bibliothèque. La hauteur sous plafond le permettait aisément !

Que révèle votre intérieur sur vous ?

Je pense que nous sommes deux personnalités très affectives. Nous aimons les livres et ce qu’ils racontent, les polars, les photos, l’art… et les meubles. Notre maison me paraît harmonieuse car elle renvoie ce que l’on est et ce que l’on aime.

Pour certains, elle peut apparaître trop chargée… si tel est le cas, elle est chargée d’émotion et de vie… cela nous plaît ainsi !

Une maison n’est pas un musée… l’art est de conjuguer le passé avec le présent. Chaque enfant conserve son espace mais il évolue en fonction de ses besoins… Aussi, chaque chambre est habitée !

Rappelons également que la maison doit être un havre de paix où se ressourcer. Nous avons tous les deux des métiers très prenants. Ici, c’est la déconnexion assurée !

Avez-vous un objet ou une décoration d’intérieur qui vous suit dans tous vos déménagements ?

L’histoire de cette vieille horloge comtoise qu’Emmanuel a rapporté dans le coffre de sa Renault 12 Break de l’époque. Elle dépassait de moitié et il revenait de son travail à Castres. Il était tombé amoureux de cette vieille horloge qu’il a réparée par la suite car elle ne marquait plus le temps… Elle a toujours sa place dans le salon. Si on ne la remarque même plus, c’est sans doute parce qu’elle fait partie des murs !!!

Quelle est votre pièce préférée de la maison ?

Choisir est toujours compliqué pour moi surtout lorsqu’il s’agit de ma maison. J’en aime chaque recoin car nous avons tout choisi avec soin.

Parfois, je me dis : je ne vais jamais me faire faire un nettoyage de peau ou des soins spécifiques pour moi-même. En revanche, j’aime les produits d’entretiens pour ma maison, que je choisis plutôt bio lorsque c’est possible, les cires…

Alors, je dirai qu’ici, les saisons sont bien marquées. Dès les premiers beaux jours, j’aime être dans la salle manger qui donne directement dans le jardin, sur la terrasse où nous aimons déjeuner et dîner à l’abri des bruits de la rue.

Les soirs d’hiver, j’aime bouquiner devant ma bibliothèque dans mon salon. Je me sens protégée et c’est très agréable.

La lumière circule ici librement. Nous bénéficions de toutes les expositions et nous en profitons pleinement.

Le lever du soleil dans la cuisine, l’exposition nord pour les été caniculaires… Tout y est !

Quelles sont les personnes qui ont influencé et inspiré vos choix de décoration d’intérieur ?

Probablement mon amie Hélène dont j’aime énormément son appartement parisien et sa manière de switcher avec des meubles ou objets design, des meubles de famille et les meubles qu’elle a rapportés de son travail au Brésil…

Tout reste très vivant et harmonieux.

Ensuite, je raconterai comment My Good Place et sa Fondatrice, Leila Feghoul m’a fait prendre conscience que Décoratrice d’Intérieur est vraiment un métier.

Je souhaitais alléger ma pièce de vie, également salle à manger car elle était surchargée.

Seule, je n’y serai pas arrivée car je pense (au  même titre que pour une psychothérapie, on se doit d’être accompagné) je n’aurais pas pu me délester de certains meubles  ou objets.

Il s’agit d’une pièce tout en longueur et donc, difficile à meubler. Grâce à son aide précieuse, nous avons réussi à harmoniser l’ensemble. J’avais fait depuis plus de 15 ans de nombreuses tentatives. Une table devant accueillir 6 convives occupait tout l’espace.

En bref, grâce à son coup d’œil professionnel, j’ai accepté avec humilité de me faire aider.

Ce n’était pas gagné car :

« Qui mieux que moi-même connaît ma maison, mes besoins, etc »,  arguments qui bien sûr ne tenaient pas la route ! Car si j’aime mon métier et croit bien le connaître, je ne connais rien au métier de Décoratrice d’intérieur… comment tirer parti d’une pièce sombre ou tout en longueur !! Quelles couleurs choisir etc…

Le résultat est bluffant… un nouvel espace avec les mêmes meubles et objets ! Une gageure !!

Quelles ont vos adresses favorites ?

J’avoue avoir une préférence pour les objets ou meubles venus d’ailleurs : j’aime le site Tikamoon, la jolie marque caravane qui mixte textiles et objets indiens avec le design français… le résultat est plutôt réussi même si les prix restent élevés. J’aime l’art de la table de monoprix qui invite des céramistes doués pour les rendre accessibles. Cela étant, je suis une inconditionnelle de La Redoute et ce, depuis 60 ans. La Redoute Intérieur et la belle marque AMPM. Tout ceci mixé à des objets et meubles chinés par ci, par là.

Puis, depuis le départ des garçons, elle est devenue la chambre d’amie ou le bureau pendant le confinement notamment. Nous l’avons dotée de rideaux couleur feu.

« C’est une maison italienne » me dit-on parfois. Il est vrai que j’en aime les couleurs chaudes : le rouge profond des canapés  du salon qui côtoient deux petits fauteuils chinés chez un vieux tapissier. L’ensemble est harmonieux car il se détache sur  des murs blancs… peut-être pour accueillir les tableaux de  mes  enfants artistes ou bien les statuettes rapportées de leur voyage. Tout y trouve sa place, comme nous les portons encore et toujours dans nos têtes au gré de leurs voyages…

…Une maison évolutive, jamais finie car elle se doit de s’adapter à notre famille qui s’agrandit.

Les meubles ne sont pas statiques non plus. Ils varient selon les envies mais aussi les besoins. Seuls, quelques chanceux d’entre eux ont traversé le temps.

par Michèle et Emmanuel Pelloquin pour My good place magazine| 17 Juillet 2021